
Le 14 novembre 2025, la ville de Las Vegas a retrouvé l’éclat des grands soirs. Mais cette fois, l’ambiance avait quelque chose de différent. KISS montait sur scène pour la première fois depuis la disparition d’Ace Frehley, son guitariste fondateur, figure légendaire du hard rock, maître des riffs, et créateur du personnage du Spaceman.
Pas de feux d’artifice, pas de maquillage, pas de plateformes décollant à trois mètres du sol. Juste des guitares acoustiques, quatre musiciens exposés à nu, et une salle pleine prête à rendre hommage à une icône.
Ace Frehley : un pilier de l’esthétique sonore de KISS
Ace Frehley n’était pas seulement un membre historique de KISS. Il était une signature sonore. Son jeu était reconnaissable entre mille : riffs ciselés, bendings incandescents, sustain explosif, et une utilisation très personnelle des overdrives qui donnaient à chaque note une couleur spatiale.
Sa mort, survenue le 16 octobre 2025, a été un choc majeur dans le monde du rock. Ace représentait une époque où l’électricité, la sueur et les amplis tournés à fond formaient un langage commun.
Revenir sur scène moins d’un mois après son départ, qui plus est dans un cadre volontairement épuré, témoignait d’un besoin de se reconnecter à l’essentiel : la musique, les instruments, les mélodies, et la mémoire.
Un hommage minimaliste mais profondément musical
Avant de jouer le premier accord, Paul Stanley a déposé le décor émotionnel de la soirée. Une prise de parole simple, presque fragile, mais chargée de sens :
« Avant qu’on commence, on voulait prendre un moment pour penser à quelqu’un qui a posé les fondations de ce groupe. On parle d’Ace. Oui, on a eu des différences. Mais c’est aussi ça, une famille. »
Le public, équipé de petites bougies électriques, a plongé la salle dans un océan de points lumineux. Un contraste touchant avec l’énergie habituelle du groupe, qui préfère normalement les explosions et le feedback saturé des amplis à lampes.
Ce soir-là, place à la sobriété.
Place à la musicalité.
Place à l’homme derrière le mythe.
Setlist du concert du 14 novembre 2025 (KISS – Las Vegas)
Un concert acoustique, sans maquillage, sans spectacle outrancier : juste la musique. Voici la setlist complète, riche en clins d’œil à l’ère Frehley.
- Comin’ Home
- See You Tonite
- A World Without Heroes
- Hard Luck Woman
- Christine Sixteen
- Nothin’ to Lose
- Goin’ Blind
- Hide Your Heart
- Plaster Caster
- Beth
- Love Her All I Can
Une sélection centrée sur les racines du groupe, sur les harmonies vocales, sur les textures acoustiques, et sur les morceaux où Ace avait laissé une empreinte indélébile.
Décryptage : une setlist pensée comme une conversation avec l’absence
Chaque morceau semblait chargé d’un sens particulier.
- « Comin’ Home », en ouverture, sonnait comme un retour aux fondamentaux, un rappel de l’ère où KISS construisait encore sa légende.
- « Hard Luck Woman » ou « Hide Your Heart », rarement joués en concert ces dernières années, réintroduisaient des couleurs plus folk-rock, avec des arpèges délicats et des harmonies à trois voix.
- « Beth », morceau emblématique du catalogue KISS, prenait une dimension supplémentaire dans ce cadre intimiste. Les arrangements simplifiés, centrés autour de la guitare, la voix et quelques touches percussives, faisaient ressortir la vulnérabilité du titre.
- « Goin’ Blind », avec son tempo lent et ses accords sombres, évoquait presque un moment de confession, rappelant la sensibilité cachée derrière l’armure du groupe.
Ce format acoustique permettait de redécouvrir KISS sous un jour différent : moins flamboyant, plus organique, presque fragile. Et cela faisait du bien.
Le choix de l’acoustique : un message en soi
Pour un groupe habitué aux Marshall poussés à 11, aux guitares branchées sur des overdrives compressées et aux solos nourris de reverb et de delay, passer en acoustique est un acte fort.
Ce dépouillement permettait de :
- mettre en avant la qualité des voix, un aspect souvent oublié sous les couches d’effets ;
- laisser respirer les harmonies ;
- honorer Ace en revenant à l’essentiel : la composition ;
- rappeler que derrière les costumes et la pyrotechnie, il y a des musiciens et des chansons.
Certaines lignes de guitare faisaient d’ailleurs directement référence au jeu d’Ace, avec ses petits slides ascendants, ses notes cinglantes en blues mineur, et ce grain particulier qu’il obtenait même en acoustique.
Une étape importante dans le nouveau chapitre de KISS
Ce concert n’était pas qu’un hommage : c’était un moment charnière dans la trajectoire du groupe. Après leur tournée d’adieu en 2023, beaucoup pensaient que tout était terminé. Mais KISS n’a jamais vraiment suivi les règles, ni celles du show-business, ni celles de la logique.
Revenir sans maquillage, dans un format intimiste, c’est presque un geste artistique. Une manière de dire :
« On continue. Différemment. Mais on continue. »
Et ce nouveau départ ne pouvait se faire sans saluer celui qui a contribué à définir leur identité musicale. Ace n’était pas seulement un guitariste : il était un son, une attitude, un imaginaire.
Ace Frehley : une étoile qui continue d’illuminer
Le concert s’est terminé sans discours grandiloquent. Un simple salut, une dernière note qui résonne, et le sentiment que quelque chose venait d’être apaisé.
Ace a influencé des milliers de guitaristes par son goût pour les phrases pentatoniques, par son jeu expressif, et par sa manière unique d’utiliser les effets de distorsion pour créer une aura cosmique autour de ses solos.
Sa présence continuera de hanter — dans le bon sens — chaque concert de KISS.
Comme une étoile fixe dans leur constellation sonore.
Sources
- People – KISS returns to the stage for the first time since Ace Frehley’s death
- Page Six – KISS shares tribute to Ace Frehley
- Consequence – KISS honor Ace Frehley in first show in two years
- Blabbermouth – KISS pays tribute to Ace Frehley
- Loudwire – KISS play acoustic tribute set in Vegas
- Setlist.fm – KISS setlist 14 November 2025






