Gorillaz dévoilent leur single « The God of Lying » ft. IDLES : un avant goût de l’album The Mountain

Nassim Pascotto

Nassim Pascotto

Publié le 7 novembre 2025 7/11/257 min.
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Le mythique collectif animé Gorillaz frappe fort avec la sortie de « The God of Lying », un titre en collaboration avec le groupe punk britannique IDLES. Ce troisième extrait du prochain album The Mountain (attendu pour le 20 mars 2026) explore un terrain hybride : un mélange de reggae, de dub et de spoken word.
Le morceau, à la fois déroutant et envoûtant, confirme l’ambition du groupe mené par Damon Albarn et Jamie Hewlett : repousser encore les frontières de la musique pop alternative tout en s’ouvrant à des collaborations audacieuses.

Une collaboration étonnante et explosive

Le mariage entre Gorillaz et IDLES n’allait pas de soi. D’un côté, un collectif virtuel connu pour son éclectisme musical, ses collaborations internationales et son esthétique visuelle singulière ; de l’autre, un groupe punk britannique au son rugueux, souvent colérique, mené par Joe Talbot.
Et pourtant, la fusion opère. Dans « The God of Lying », Talbot déclame son texte dans un spoken word incisif, tandis que la voix flottante de Damon Albarn plane au-dessus d’une basse dub épaisse et hypnotique.

Le morceau dégage une atmosphère méditative, presque mystique. On y retrouve les codes du reggae britannique des années 80 (Steel Pulse, The Clash période Sandinista!) mêlés à la tension du post-punk contemporain. L’ensemble donne naissance à une production dense, où les couches sonores semblent flotter dans un brouillard électronique.

Un son global, enregistré entre plusieurs continents

« The God of Lying » a été conçu à cheval entre plusieurs studios, de Londres à Mumbai. Cette dimension mondiale se ressent dès les premières secondes : on entend des flûtes bansuri, des percussions indiennes, et des textures électroniques aux accents asiatiques.
Cette approche multiculturelle n’est pas nouvelle pour Gorillaz, mais elle trouve ici une profondeur supplémentaire grâce à l’énergie d’IDLES.

Le morceau s’inscrit dans une démarche que Damon Albarn affectionne : celle de relier les genres et les continents. Le résultat évoque une transe dub moderne, où le chaos sonore se transforme en équilibre.

Un titre conceptuel et spirituel

Le titre, « The God of Lying », intrigue. À travers cette idée d’un dieu du mensonge, le groupe explore les thèmes de la vérité, de la désinformation et de la spiritualité moderne.
La phrase prononcée par 2-D, personnage virtuel emblématique de Gorillaz, résume parfaitement le ton du morceau :

« Can I tell you a secret? Doubt is very tiring, but questioning things is really good for you. »

Le doute et la remise en question deviennent ici des armes créatives. Le morceau agit comme une méditation politique, sans jamais tomber dans la morale.

The Mountain : un album concept, pluriel et ambitieux

Annoncé pour mars 2026, The Mountain s’annonce comme l’un des projets les plus riches de Gorillaz. Ce sera leur neuvième album studio, et selon les informations déjà publiées, un véritable kaléidoscope de styles, de langues et de collaborations.

Parmi les invités confirmés :

  • Johnny Marr, ex-guitariste des Smiths, déjà complice d’Albarn sur The Now Now ;
  • Black Thought, rappeur du groupe The Roots ;
  • Anoushka Shankar, virtuose du sitar ;
  • Omar Souleyman, icône syrienne du dabke électronique ;
  • Des apparitions posthumes de Tony Allen et Bobby Womack, anciens collaborateurs du collectif.

L’album mêlera anglais, arabe, hindi, espagnol et yoruba, dans une logique d’ouverture globale. Le mot d’ordre : diversité et expérimentation.

Un disque qui refuse les étiquettes

Le tracklist officiel laisse présager un disque volontairement éclaté. The God of Lying arrive en sixième position, au cœur de l’album, comme un pivot entre des morceaux plus lumineux et d’autres plus introspectifs.
Avant ce single, Gorillaz avait déjà publié « The Happy Dictator » (avec le duo Sparks) et « The Manifesto » (avec les rappeurs Trueno et Proof). Ces titres, radicalement différents, annoncent une œuvre mosaïque, où chaque collaboration devient une facette d’un tout cohérent.

Damon Albarn l’a décrit comme un « voyage sonore à travers les hauteurs et les abîmes », une métaphore que le titre The Mountain rend explicite.

L’influence d’IDLES : une énergie brute dans un univers numérique

L’arrivée d’IDLES sur un titre de Gorillaz apporte une intensité nouvelle. Joe Talbot y livre une performance presque théâtrale, entre colère contenue et lucidité. Sa diction martiale contraste avec la fluidité d’Albarn.
Cette confrontation symbolise deux mondes : la rage du réel contre la mélancolie du virtuel. Ensemble, ils créent un espace où le punk rencontre le dub, et où la politique se fond dans le groove.

C’est ce contraste qui donne au morceau sa force : il gronde, il respire, il interroge.

Une esthétique toujours plus immersive

Côté visuel, Jamie Hewlett poursuit son travail d’animation, mêlant 3D et illustration. Le clip de « The God of Lying », annoncé pour la mi-novembre, devrait poursuivre la mythologie des personnages virtuels de Gorillaz : 2-D, Murdoc, Noodle et Russel, cette fois confrontés à un décor mystique inspiré des temples asiatiques.

Cette cohérence visuelle, présente depuis plus de vingt ans, reste l’un des piliers de l’identité du groupe. Elle permet à chaque morceau de s’inscrire dans un univers narratif et d’exister bien au-delà du son.

Un pari artistique plutôt qu’un tube commercial

Contrairement à d’autres singles plus radiophoniques de Gorillaz, « The God of Lying » n’a rien d’un hit formaté. C’est un titre lent, sinueux, presque ésotérique.
Ce choix assumé montre que The Mountain ne cherche pas à séduire à tout prix, mais à marquer par sa profondeur.
Pour Albarn, la musique doit rester un espace d’expérimentation et de dialogue, loin de la logique des algorithmes.

Le single agit donc comme une déclaration d’intention : The Mountain ne sera pas une compilation de collaborations, mais une œuvre complète, exigeante et ambitieuse.

Ce que cela annonce pour la suite

À chaque sortie, Gorillaz semble réinventer sa manière d’exister. Après la période Song Machine et l’ouverture à la pop digitale, ce nouveau cycle marque un retour à l’organique, au collectif, au voyage.
Si l’album tient ses promesses, il pourrait bien être l’un des projets les plus marquants de 2026, à la croisée du reggae, du hip-hop, du rock alternatif et de la world music.

Pour IDLES, cette collaboration renforce encore leur statut de groupe transgénérationnel, capable de passer du cri punk à la poésie dub sans perdre leur identité.

En conclusion

« The God of Lying » n’est pas un simple single : c’est une proposition artistique, un manifeste sonore et spirituel.
À travers cette rencontre improbable entre Gorillaz et IDLES, Damon Albarn signe l’un de ses morceaux les plus audacieux depuis longtemps.
À la fois hypnotique, politique et mystique, le titre ouvre la voie à The Mountain, un album-monde, sans frontière ni certitude.

En attendant le 20 mars 2026, une chose est sûre : la montagne s’annonce haute, mais la vue risque d’être spectaculaire.


Sources :

Écrit par

Nassim Pascotto

Nassim Pascotto

Rédacteur @Woodbrass