Jimmy Page et sa guitare Gibson double manche : derrière un mythe du rock

Nassim Pascotto

Nassim Pascotto

Publié le 21 novembre 2025 21/11/258 min.
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Certaines guitares sont devenues de véritables icônes. Dans le cas de Jimmy Page, la silhouette rouge Cherry de sa guitare à double manche est devenue indissociable de son image et de l’ADN même de Led Zeppelin. Deux têtes, deux univers sonores, un seul musicien.
On a tous en tête cette vision : Page, légèrement penché, un pied en avant, basculant d’un manche à l’autre comme si les règles de la physique n’avaient plus cours.

Aujourd’hui, Gibson permet de revivre cette magie avec la Gibson Custom EDS-1275 Signature Jimmy Page Doubleneck VOS ’69 Cherry , une réédition aussi fidèle que possible au modèle de 1969. Elle est disponible chez Woodbrass, et si tu veux t’approcher au plus près de l’aura Zeppelin, c’est sans doute l’une des voies les plus directes.

Pourquoi Jimmy Page avait-il besoin d’une double manche ?

Lorsqu’on pense à Stairway to Heaven, on imagine souvent les arpèges suspendus du début, puis l’ascension électrique qui mène au solo final. En studio, Page superpose des couches : une douze cordes pour la clarté, une six cordes pour la puissance, un solo aux accents bluesy taillé pour l’éternité. Sur scène, impossible pour lui d’enchaîner ces registres sans une solution élégante.

D’où l’idée de la double manche. Une guitare capable d’un virage instantané entre douceur folk et intensité rock. Page en obtient une en 1971 : la Gibson EDS-1275, qui devient instantanément son arme secrète en concert. Et au-delà de Stairway, elle l’accompagne sur The Song Remains the Same, The Rain Song, Tangerine ou, plus récemment, lors de son apparition au Rock & Roll Hall of Fame 2023.

La EDS-1275 : un instrument pensé pour aller plus loin que les autres

La double manche pourrait passer pour un simple effet de style. Pourtant, chez Page, c’est un outil de composition. Elle lui permettait d’aborder un même morceau comme s’il dirigeait un petit orchestre, alternant textures, octaves et densité harmonique.

Ce design atypique repose sur une idée simple : offrir au guitariste deux volumes sonores dans un seul espace physique, sans jamais interrompre la musique. La 12 cordes élargit le spectre, la 6 cordes sert l’attaque et les riffs. Sur scène, l’effet est immédiat : ampleur, puissance, et une présence visuelle qui captive instantanément.

La réédition ultime : Gibson Custom EDS-1275 Signature Jimmy Page VOS ’69 Cherry

Imagine tenir une guitare conçue grâce à des scans 3D de l’instrument original de Page. C’est le niveau de précision qu’a adopté Gibson pour cette réédition, réalisée en collaboration directe avec le guitariste.
Le résultat est presque troublant : une sensation de revenir au moment où Page a reçu sa guitare toute neuve, avant les tournées, avant les photos iconiques, avant qu’elle ne devienne une légende.

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La réédition ultime : Gibson Custom EDS-1275 Signature Jimmy Page VOS ’69 Cherry

Une construction fidèle et pensée pour le jeu

Le corps en acajou monobloc, fidèle à la conception originelle, apporte une résonance particulièrement uniforme. C’est ce qui donne cette profondeur caractéristique aux accords ouverts à 12 cordes. Le vernis nitrocellulosique VOS, légèrement patiné, évite l’effet “tout neuf” sans tomber dans l’esthétique relic. Une élégance discrète, mais très rock.

Les deux manches, également en acajou, ont été reproduits à partir des scans 3D du modèle de Page. Leur profil n’est pas seulement proche : il est le même. Le manche 12 cordes favorise les arpèges larges et les voicings complexes, tandis que le manche 6 cordes offre l’attaque et la fluidité nécessaires aux solos expressifs. La touche en palissandre indien, les incrustations en parallélogramme, les 20 frettes medium jumbo et le radius de 12’’ complètent une lutherie à la fois traditionnelle et terriblement efficace.

Côté accastillage, les mécaniques Kluson “double line, double ring” assurent la stabilité, un point crucial quand tu dois faire vibrer 18 cordes en plein concert. Les deux têtes inclinées à 17° comme sur le modèle de 1969 participent aussi au sustain hors norme de l’instrument.

Les micros Custombucker Jimmy Page : une signature sonore

Une guitare n’est jamais vraiment elle-même sans ses micros. Ici, Gibson a développé des Custombuckers Jimmy Page équipés d’aimants Alnico 5, pour retrouver le grain chaleureux et légèrement compressé qui caractérise les sons de Page en live.

Sur le manche 6 cordes, les doubles bobines noires délivrent une attaque franche, capable d’aller du crunch nerveux aux sons lead saturés. Sur la 12 cordes, les micros chromés apportent une brillance et une ampleur idéales pour les arpèges toniques de The Rain Song ou les montées lumineuses de The Song Remains the Same.

Tout est câblé à la main :

  • potentiomètres CTS,
  • condensateurs céramique d’époque,
  • sélecteurs Switchcraft.

On retrouve ce mélange de clarté et de profondeur qui a marqué les concerts de Led Zeppelin.

Comment Jimmy Page exploitait réellement cette guitare

Si on prend Stairway to Heaven, la démonstration est parfaite. Page débute sur la 12 cordes : les arpèges respirent, le spectre s’ouvre, l’air du morceau s’élève. Puis, sans même regarder, son bras glisse vers la 6 cordes et le solo démarre. C’est plus qu’un geste technique : une mise en scène sonore et visuelle.

Dans The Song Remains the Same, il utilise la double manche pour alterner des lignes rapides à 12 cordes et des riffs tendus à 6 cordes. Le contraste entre les deux registres structure le morceau tout entier.
Et dans The Rain Song, la 12 cordes apporte cette poésie suspendue, presque orchestrale, que la version studio laissait deviner sans pouvoir totalement la reproduire en live.

Ce n’était pas un gadget. C’était une extension de son imaginaire musical.

Jouer une double manche : une expérience unique

Soyons honnêtes : la EDS-1275 n’est pas une guitare comme les autres. Elle est plus lourde, plus large, plus exigeante. Mais c’est précisément ce qui la rend excitante.

La masse du corps en acajou monobloc la fait sonner incroyablement fort et longtemps. La bascule entre les manches devient naturelle après quelques heures, et tu te surprends vite à créer des arrangements qu’une guitare traditionnelle ne permettrait jamais.
Chaque manche a son propre réglage, son propre comportement, sa propre dynamique. C’est un instrument qui demande du temps… mais qui t’en rend beaucoup.

La sangle vintage fournie dans l’étui Gibson Custom apporte un vrai confort — un détail très appréciable quand tu veux répéter deux heures sans pause.

Pourquoi cette réédition fait autant parler d’elle ?

Parce qu’elle ne se contente pas d’être une belle guitare. C’est un véritable morceau d’histoire du rock.
Elle combine la fidélité historique, la qualité Custom Shop, une polyvalence sonore rare, et une présence scénique incomparable. Elle attire autant les collectionneurs que les guitaristes en quête d’un instrument capable de stimuler la créativité.

Ce n’est pas un simple achat : c’est une rencontre.

Ce qu’il faut retenir de ses caractéristiques

Pour résumer les points essentiels, sans t’inonder de données techniques :

  • Corps en acajou monobloc, finition nitro VOS.
  • Deux manches en acajou, profils Jimmy Page d’époque.
  • Touche palissandre, 20 frettes medium jumbo.
  • Quatre Custombuckers Jimmy Page, aimants Alnico 5.
  • Câblage main, composants CTS et Switchcraft.
  • Étui Gibson Custom, sangle cuir, certificat avec photo signée.

L’ensemble forme un instrument aussi inspirant que fidèle à son héritage.

Conclusion

La double manche de Jimmy Page n’est pas qu’un accessoire visuel : c’est une vision artistique, une manière d’aborder la guitare comme un terrain d’exploration sans limites.
Cette réédition Gibson ressuscite ce moment précis où la créativité de Page a rencontré un instrument capable de suivre toutes ses envies. Elle s’adresse autant aux musiciens qu’aux rêveurs, à ceux qui cherchent un son, une histoire, ou simplement une émotion à transmettre.

La tenir, c’est toucher du doigt un chapitre entier de l’histoire du rock.
La jouer, c’est comprendre pourquoi cette guitare continue d’inspirer plus de cinquante ans après.

Écrit par

Nassim Pascotto

Nassim Pascotto

Rédacteur @Woodbrass