
Chez Woodbrass, on a toujours à cœur d’équiper au mieux celles et ceux qui font vivre la musique sur scène comme en studio. C’est donc avec grand plaisir que nous avons récemment prêté une sélection de micros Lauten Audio à Sylvain, ingénieur du son du groupe Mass Hysteria, pour les accompagner lors de leur tournée.
Snare Mic, Tom Mic, et LS-308 : ces trois modèles haut de gamme ont été conçus pour transmettre l’énergie brute des instruments. Qui de mieux que Sylvain, aux manettes du son d’un des groupes les plus iconiques de la scène métal française, pour les mettre à l’épreuve ?
Dans cette interview, il nous partage ses impressions, ses réglages préférés et ses astuces pour tirer le meilleur de ces micros. L’occasion aussi de découvrir les coulisses d’un métier essentiel à toute expérience live réussie !
– Salut Sylvain ! Peux-tu nous raconter brièvement ton parcours et comment tu es devenu ingénieur du son pour Mass Hysteria ?
– Salut Woodbrass ! Alors comme beaucoup de tech son je suis musicien au depart, et vers 18 ans je suis tombé dans la technique et j’ai commencé à enregistrer des groupes de potes. Je me suis tout naturellement inscris dans une école de son à 20 ans, dont je suis sorti en 2006. Rapidement je me suis orienté vers le live, car j’avais plein de potes qui jouaient dans des groupes et qui avaient besoin de quelqu’un derrière la console. J’ai rapidement commencé à travailler dans une salle de concert (la Cartonnerie à Reims) ou je travaille toujours aujourd’hui, tout en suivant des groupes en tournée en parallèle. J’ai notamment travaillé avec l’Esprit du Clan, Hangman’s Chair et de fil en aiguille je me suis retrouvé avec Mass Hysteria, dès 2013 en remplacement d’abord, puis ingé son live officiel depuis 2015. Entre temps j’ai travaillé avec pas mal d’autres groupes comme ETHS, Pleymo, Karras et depuis 2021 j’officie aussi pour Enslaved (Norvege).
– As-tu un souvenir marquant d’un concert ou d’un mix qui t’a fait dire : “C’est ça que je veux faire” ?
– En fait, quand j’ai commencé à faire du son c’était surtout le studio qui m’attirait (j’enregistre et mixe d’ailleurs quelques groupes dans mon studio à Reims). Et c’est plus tard, quand j’étais en formation, que j’ai découvert le plaisir du live. Avant j’allais à beaucoup de concert mais je ne me posais pas trop la question du son, jusqu’a ce que je m’y colle ! J’ai vu beaucoup de concerts qui sonnaient incroyablement bien, mais si je ne devais en retenir qu’un ce serait TOOL au hellfest 2019. Le son était incroyable et le concert aussi. Je pense que si j’avais eu 18 ans à ce moment-là, j’aurai eu envie de faire ce métier grâce à ça !
– Tu travailles dans un univers sonore très intense : qu’est-ce qui te plaît le plus dans le métal ?
– A la base je viens de cette musique. C’est le style de musique que j’ai le plus écouté (même si j’aime beaucoup d’autres choses), que j’ai pratiqué en tant que musicien, que j’ai partagé avec mes potes de lycée… bref le Metal est une passion à la base pour moi, donc travailler la dedans c’était assez naturel. En plus j’ai toujours été branché par les styles les plus extrêmes (Black / death / Doom ); Ce que j’aime dans le fait de mixer cette musique, c’est qu’il faut chercher à la fois de la puissance, mais aussi qu’on comprenne tout dans cet ocean de distortion, tout en essayant de conserver les nuances. Et aussi le fait que c’est une musique que j’aime, et donc que la façon dont ça doit sonner me semble assez évidente.
– Quels sont, selon toi, les défis spécifiques du mixage live pour un groupe comme Mass Hysteria ?
– La musique de Mass présente plusieurs aspects particuliers pour un groupe de metal que tu dois prendre en compte quand tu mixe. Bien sûr on a une base classique Batterie / Basse / 2 guitares, mais derrière ça il y a tout les samples qui ont une importance capitale dans la musique, que tu dois donc bien entendre mais qui ne doivent pas prendre le pas sur la base instrumentale, et il faut dans tout ça caser la voix de Mouss, qu’on doit entendre suffisamment pour que le public comprenne bien les paroles, sans pour autant qu’elle soit trop au dessus de la musique (un peu à l’inverse de ce que tu ferai en variété par exemple). Bref c’est beaucoup d’infos à caser dans une toute petite boite !
– Dans quel contexte précis as-tu utilisé les micros Lauten Audio ? (tournée, résidence, studio…)
– Alors j’ai commencé à les utiliser en live avec Mass Hysteria. Quand je les ai reçu, la tournée avait déjà commencé donc j’ai profité d’une journée de répétition du groupe pour les inclure dans le kit. Mais j’ai ensuite aussi eu l’occasion de les tester en studio pour des prises batterie d’un groupe local et tester le LM-308 sur des amplis guitares également.
– Parlons du Snare Mic : quelles ont été tes premières impressions à l’écoute ? En quoi se distingue-t-il des modèles que tu utilises habituellement ?
– J’ai tout de suite aimé ! Avant j’avais un audix I5 sur la Snare que j’adore. Mais le Snare Mic à un petit truc en plus. Déjà il est très directionnel ce qui est vraiment pratique, car dans ce style les sons de batterie sont beaucoup traités à la console ( EQ / Compression / transient designer, etc..). Donc moins je prends du reste de la batterie, mieux c’est pour moi. Et le fait que ce soit un capsule statique le rend un peu plus précis que le I5 ou que le classique SM57. J’apprécie aussi beaucoup le fait qu’il y ai sur le micro des coupe haut et coupe bas, qui permettent dès la prise d’enlever des choses dont tu n’a pas besoin.
– Le Tom Mic t’a-t-il permis de mieux gérer certaines contraintes sur scène ? Notamment en termes de pression sonore ou de repisse ?
– Totalement ! Quand j’ai remplacé mes Audix D2 et D4 (qui encore une fois sont aussi de très bon micros) j’ai pu relâcher pas mal de traitement que je faisais sur les tranches de toms pour limiter la repisse (EQ dynamique, Noise Gate…). Même si ces traitements sont toujours là (en raison du style de musique pratiqué) j’ai pu les relâcher, ce qui rend la source plus facile à travailler et plus pertinente dans le mix. Et du coup je trouve que j’arrive à les faire ressortir un peu plus facilement du mix sans ramener trop de trucs parasites.
– Le LS-308 est connu pour son rejet hors axe. Est-ce un atout dans le contexte live de Mass Hysteria, souvent très dense ?
– En effet, avoir des micros très directionnels est un réel atout pour la prise de son en live. Surtout quand tu as beaucoup de son au plateau. Sur Mass Hysteria on a réduit le volume du plateau sur cette tournée. Les musiciens ont des ears monitors, les amplis guitares sont situés derrière la scénographie, donc c’est un peu plus simple qu’avant, où il y avait des wedges à fond et les amplis en ligne. Malgré tout, les amplis ne sont pas loin de la batterie donc avoir un micro directionnel sur l’ampli est toujours très utile.
– As-tu modifié tes réglages habituels pour t’adapter à ces micros, ou au contraire, t’ont-ils facilité la tâche ?
– Ça m’a surtout permis de relâcher certains traitements, et d’aller chercher d’autres choses dans l’EQ. Si ton micro est très directionnel, tu peux plus facilement booster une fréquence sans ramener trop d’autres éléments voisins dans ta tranche. Et franchement ça sonne bien tout de suite. Tu trouves le bon réglage avec les filtres présents sur le micro et le bon gain et l’essentiel du job est fait. Ensuite tu n’a plus qu’à appliquer les traitements nécessaires pour arriver à faire sonner ça dans ton mix.
– Sur quels critères choisis-tu habituellement tes micros pour la batterie, et comment ceux de Lauten Audio s’inscrivent-ils dans ta méthode de travail ?
– Déjà il faut qu’ils soient pratiques à installer. Je n’ai pas essayé les pinces Lauten mais avec les clamps LP ça marche nickel (j’essaie d’avoir le moins de pied de micros possible en live sur le kit batterie). Ensuite le critère principal reste le son. En Metal on va chercher des micros déjà un peu généreux dans certaines zones de fréquences, plus ou moins pré equalisé pour une application particulière. Et bien sûr en live il faut du matériel solide et fiable car il va être monté / démonté tout les jours.
– Aurais-tu des conseils pour un(e) jeune ingé son qui souhaite améliorer sa prise de batterie en live ?
Tout d’abord avant les micros, le preamp ou la console il faut une bonne batterie et un(e) bon(ne) musicien(ne) ! C’est un peu enfoncer des portes ouvertes que de dire ça mais je pense qu‘il est toujours utile de le rappeler. Commencer par essayer de régler les éléments de batterie le plus proche du son que tu veux obtenir, avec les bonnes peaux, les moongel si besoin, etc.. Ça reste la base du son que tu auras ensuite. Ensuite réfléchir au placement, en faisant avec les contraintes. Parfois le positionnement des éléments du kit ne facilite pas la tâche pour le placement des micros. Mais je préfère toujours essayer de trouver une solution avant de demander au musicien de modifier son placement, car ça risque d’avoir un impact sur sa manière de jouer. Ensuite il y a autant de méthode que de technicien, mais pour ma part je fait en sorte de placer les micros des fut avec un peu de distance et non pas presque collé à la peau comme je le vois parfois. C’est quand même bien quand il y a de l’air ! Et faire en sorte de garder la caisse claire au centre de l’image stéréo avec le placement des OH, quitte à ajouter des micros d’appoint sur les cymbales qui pourraient être un peu “hors champ”.
– Enfin, si tu devais garder un seul des trois micros testés, lequel choisirais-tu, et pourquoi ?
Je pense que ce serait le Snare Mic car j’aime particulièrement le son. Mais franchement le Tom Mic est tellement cool. Et le LM-308, couplé avec un SM57 sur un ampli guitare ça tue aussi ! En fait, je refuse de répondre à cette question !
– Merci Sylvain pour ton temps, ton expertise et ce partage passionnant. On te souhaite une excellente suite de tournée avec Mass Hysteria ! 🤟
– Merci également à l’équipe Woodbrass pour le matos, et à très bientôt !
Suivez les aventures de Sylvain et de Mass Hysteria !