Roland V-stage : Test complet du clavier de scène qui fait quasiment tout

Will Sifasile

Will Sifasile

Publié le 18 septembre 2025 18/9/25Reading time13 min.
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Salut à tous, moi c’est Will. Aujourd’hui, je vous emmène dans les entrailles du Roland V-Stage — alias Vista stage — un clavier de scène que j’utilise en live comme en studio et qui m’a, je l’avoue, sérieusement bluffé. Entre ses moteurs sonores simultanés, son vocodeur, ses effets globaux et un workflow pensé pour la scène, on n’est pas loin de la machine ultime. Je vous en fait un tour complet : sensations de toucher, sections orgue/pianos/synthé, scènes et chaînage, connectique, et mes réglages préférés pour l’intégrer directement dans votre setup.

Pourquoi le V-stage m’a accroché

Dès les premières minutes, j’ai senti que le V-stage n’était pas juste un « bon clavier » : c’est un centre nerveux. On parle de plusieurs moteurs sonores qui peuvent tourner en même temps : orgue, piano acoustique, piano électrique, synthétiseur. À ça, on ajoute une section d’effets costaude (chorus, delay, réverbe, disto, lo-fi, etc.) et des effets master (EQ, compresseur) en fin de chaîne. Je peux sauvegarder chaque son (les tones) ou des configurations complètes (les scènes), et passer de l’une à l’autre sans coupure. Pour la création, la composition et évidemment la scène, c’est un vrai game changer.

88 touches vs 76 touches : deux philosophies de jeu

Je teste ici la version 88 touches. Elle embarque un clavier lesté Ivory Feel à action de marteau avec échappement : la sensation est celle d’un vrai piano, avec la nuance et la réponse qu’on attend quand on attaque ou qu’on caresse les touches. Parfait pour tout ce qui est piano et jeu expressif.

La version 76 touches adopte un semi-lesté type waterfall : plus souple, idéal pour les glissés d’orgue, les parties synthé et le jeu rapide. On n’est pas sur « mieux vs moins bien », mais sur deux écoles complémentaires :

  • 88 touches : toucher lourd, contrôle des nuances, idéale pour les pianos acoustiques et électriques.
  • 76 touches : waterfall, sensation plus « orgue/synthé », glissés faciles et jeu très réactif.

📌 Bon à savoir 🤓
Le format influe directement sur le toucher. Ce n’est pas qu’une question d’encombrement : pensez à votre répertoire et à votre style avant de trancher.

Section Orgue : tirettes, Leslie et caractère

À gauche, je commence souvent par l’orgue. Un switch pour l’activer, un volume dédié, et des blocs de réglages très clairs : choix du type d’orgue (roues phoniques, transistor x2, orgue de barbarie), overdrive, vibrato/chorus, tirettes harmoniques et un rotary franchement excellent. Tout ce qu’il faut en façade pour un live efficace.

Si j’ai besoin d’aller plus loin, je plonge dans le menu Orgue : réglages fins de l’overdrive, paramètres du rotary, ajout de delay/réverbe, EQ par orgue. Ça me permet de sculpter un orgue sombre et sale pour un solo bluesy, ou crémeux et large pour des nappes gospel. Les presets sont nombreux et bien classés, parfaits pour partir d’une base solide.

📌Astuce💡
Assignez la vitesse du rotary à un bouton ou une pédale : passer slow → fast en plein chorus change instantanément la dynamique du groupe.

Pianos acoustiques : du grand queue au felt inspirant

La section piano acoustique propose deux modèles de piano à queue et deux pianos droits, dont un upright felt. Le felt (bande de feutre entre les marteaux et les cordes) n’est plus qu’une sourdine : c’est devenu un effet d’ambiance ultra populaire pour la BO, la lo-fi et la composition intimiste. Je m’en sers tout le temps.

En façade, j’ajuste brillance et largeur stéréo — deux paramètres essentiels pour placer le piano dans un mix live. Dans les menus, je peaufine : résonance des cordes, bruit des marteaux, key-off, etc. Résultat : un piano qui réagit à mon jeu et s’intègre au reste sans forcer.

📌Pro tips 🧠

  • Pour un piano pop qui traverse le mix : augmentez légèrement la brillance, resserrez un peu la stéréo, et compressez doucement en master.
  • Pour une ballade cinématographique : passez sur le piano felt, élargissez la stéréo, ajoutez une réverbe hall avec un léger pré-delay.

Pianos électriques : la section qui m’a scotché

Ici, Roland a séparé piano acoustique et piano électrique en deux moteurs distincts. Résultat : une librairie énorme et cohérente. On retrouve les classiques Rhodes, Wurly, Clavinet, plus tout un éventail de vintages Roland 80’s. Honnêtement, je n’avais jamais vu un éventail de pianos électriques aussi dense et aussi bien traité dans un clavier de scène.

Les effets sont dingues : tremolo (indispensable), chorus dont un JUNO-106-style, wah, delay, lo-fi, simu d’amplis… Tout est là, accessible en façade, profond dans les menus. C’est musical, inspirant, et prêt à jouer.

📌 Bon à savoir 🤓
Vous pouvez choisir le type de chorus (par exemple le caractère JUNO-106) sur vos pianos électriques. Ce détail change radicalement la couleur du son et le place dans le mix sans effort.

Synthétiseurs A & B : 400+ sons et l’héritage Roland

Côté synthé, le V-stage propose deux couches indépendantes (Synth A et Synth B). Plus de 400 sons au départ : pads, basses, keys, brass, textures évolutives… Et, cerise sur le gâteau, des expansions gratuites qui importent des banques inspirées des légendes Jupiter-8, JUNO-106, JX-8P et SH-101. Autant dire que l’ADN Roland est bien présent.

En façade, je contrôle cutoff, attaque, release, deux slots d’effets. Dans les menus, j’accède à la résonance, decay, sustain et tout le reste. De quoi passer d’un pad soyeux hyper large à une basse agressive qui bouscule la section rythmique.

📌Astuce💡
Empilez Synth A (pad doux) + Synth B (basse courte et percussive), puis collez un delay tempo-sync en effet global. Instant cinéma.

Vocodeur intégré : fun, musical… et très addictif

Le V-stage possède une entrée micro XLR et des contrôles en façade (activation et gain). Et oui : il embarque un vocodeur qui fonctionne avec tous les presets de synthé. J’adore. C’est propre, réactif et ça ouvre des textures vocales hyper créatives, du hook électro à la nappe parlante subtile. J’ai clairement pris goût à m’en servir dès que j’en ai l’occasion.

📌Pro tips 🧠

  • Choisissez un carrier avec des hautes fréquences riches (saw/square) pour une intelligibilité maximale.
  • Ajoutez un EQ post-vocodeur : un petit boost autour de 3–5 kHz aide la voix vocodée à sortir du mix.

Total FX : coller la touche finale

Au bout de la chaîne, les Total FX regroupent delay, réverbe et un multi-effet très complet (filtres, modulations, drive, bit-crusher, lo-fi, etc.). Leur force, c’est qu’ils se superposent aux effets déjà appliqués dans chaque section. Je peux, par exemple, mettre un chorus sur mon Synth A, un flanger sur le Synth B, et ajouter par-dessus une réverbe et un delay globaux, plus un effet lo-fi discret pour salir l’ensemble. En termes de palette sonore, c’est extrêmement vaste.

📌Astuce💡
Gardez la main légère sur les Total FX en live : un delay synchronisé et une réverbe bien dosée valent mieux qu’un empilement d’effets qui floute la lisibilité du jeu.

Scènes, tones et chaînage : le workflow qui change tout

Côté organisation, je peux sauvegarder 512 scènes. C’est énorme. Et surtout, je passe d’une scène à l’autre avec zéro latence et sans coupure. Exemple très concret : je joue un pad dans les graves sur la scène 1, je passe à la scène 2 avec un piano, je maintiens ma pédale de sustain… le pad continue de sonner le temps que j’attaque le piano, même s’il ne fait plus partie de la scène que je viens de charger. Pour la fluidité en live, c’est royal.

J’adore aussi le chaînage de scènes. Je peux préparer des setlists complètes : scène A → scène B → scène C, dans l’ordre exact du concert, et répéter le processus pour jusqu’à 128 chaînes différentes. Pour celles et ceux qui tournent avec plusieurs artistes, c’est un gain de temps et une sécurité énormes.

📌 Bon à savoir 🤓

  • Les bibliothèques de presets (tones et scènes) sont tagguées intelligemment : on trouve très vite ce qu’on cherche.
  • Le split est ultra simple : basse synthé main gauche, piano main droite, en deux clics.
  • La roue crantée pour faire défiler les sons entre deux couplets, c’est bête, mais ça sauve des transitions.

Connectique complète : prêt pour la scène et le studio

À l’arrière, c’est la fête : quatre entrées de pédales, MIDI In/Out, USB-C pour l’ordi, port USB mémoire pour sauvegarder et charger mes scènes/tones, deux autres USB pour brancher des claviers MIDI supplémentaires, entrée micro XLR, entrées jack 6,35, sorties stéréo jack et sorties stéréo XLR, plus une sortie sub et une sortie casque. C’est rare d’avoir un panneau aussi généreux sur un clavier de scène. Et comme le Vstage accepte d’être maître d’un petit parc de claviers externes, je peux assigner telle section à tel clavier MIDI et jouer à l’artiste pieuvre quand l’arrangement l’exige.

Mon setup type en live

  • Scène 1 : Piano grand clair, légère compression en master, réverbe plate.
  • Scène 2 : Split basse synthé courte à gauche, piano électrique à droite, tremolo synchro.
  • Scène 3 : Pad large (Synth A) + lead doux (Synth B), delay 1/4 et réverbe hall.
  • Scène 4 : Orgue roues phoniques, rotary assigné à pédale, overdrive subtil.

Je chaîne ces scènes dans l’ordre du concert. Entre les morceaux, je ne touche quasiment rien : je défile et je joue.

En studio : pourquoi je compose plus vite avec le V-stage

Je ne dirais pas que le Vstage est « un clavier de studio » avant tout, mais pour quelqu’un qui fait scène + studio (mon cas), c’est un compagnon redoutable. J’ai un piano sous les mains, j’ajoute réverbe ou chorus directement sur la machine, j’enregistre, j’enchaîne… Les idées fusent plus vite. Et, très honnêtement, beaucoup de pianos électriques intégrés me plaisent autant voire plus que certains de mes plugins. Côté synthé, je n’ai pas encore trouvé un preset « bof » : il y a toujours un timbre qui me donne une direction.

Forces, limites et pour qui

Les gros points forts

  • Moteurs sonores simultanés et très aboutis.
  • Scènes et chaînage ultra fluides, sans coupure.
  • Ergonomie : l’essentiel en façade, le détail dans les menus.
  • Section pianos électriques exceptionnelle.
  • Vocodeur intégré, simple et musical.
  • Connectique de haut niveau (XLR en sortie, micro, USB multiples).
  • Effets globaux puissants, cumulables.

Les limites (selon moi)

  • C’est une grosse bécane : il faut du temps pour en faire totalement le tour.
  • Le prix reste élevé (justifié par l’ensemble, mais à considérer si vous ne faites que du studio).
  • Le choix entre 88 et 76 n’est pas qu’un détail : prenez le temps d’essayer les deux.

Pour qui ?

  • Les musiciens qui jouent régulièrement en live et veulent centraliser pianos/EP/organ/synthé, sans ordi.
  • Les compositeurs qui aiment toucher le son et trouver l’inspiration directement sur l’instrument.
  • Les claviéristes qui ont besoin d’un workflow scène fiable, avec setlists et transitions sans stress.

Recos d’accessoires

Pour tirer le meilleur du V-stage, voilà ce que j’utilise ou recommande :

Mes réglages favoris à tester dès la prise en main

  1. Piano felt intime
    Brillance -10 %, largeur stéréo +20 %, réverbe hall 2, pré-delay 20 ms, decay 3,5 s.
    Parfait pour une intro ciné, voix + piano.
  2. EP 80’s soyeux
    Chorus type JUNO-106 profondeur 35 %, tremolo 1/8 sync, simu d’ampli clean avec léger comp.
    Ça se place tout seul dans un mix funk-pop.
  3. Orgue gospel nerveux
    Rotary slow/fast sur pédale, overdrive à 15 %, un chouïa de room reverb, tirettes 888000000 en point de départ.
    Idéal pour des fills entre deux refrains.
  4. Pad + basse hybride
    Synth A : pad large filtre à 2,5 kHz, attaque 30 ms, release 1,8 s.
    Synth B : basse courte, filtre plus fermé, accent sur 120 Hz.
    Total FX : delay 1/4, réverbe plate discrète.
    Un terrain de jeu parfait pour des arpèges main droite.

Verdict

Le Roland Vista Stage coche quasiment toutes les cases de ce que j’attends d’un clavier de scène moderne : des moteurs puissants et complémentaires, une ergonomie qui me laisse jouer sans regarder l’écran toutes les deux secondes, des scènes qui s’enchaînent sans rupture, un vocodeur inspirant, et une connectique taillée pour les tournées comme pour le studio. Oui, c’est un investissement, mais il est largement rentabilisé si vous jouez souvent. En studio uniquement, je ne le conseillerais pas forcément comme premier achat ; en revanche, si vous faites scène + studio, vous pouvez y aller les yeux fermés.

En toute franchise, je ne suis pas un grand utilisateur d’orgues au quotidien, mais les pianos, pianos électriques et synthés du Vstage m’inspirent vraiment, et plusieurs de ses presets finissent dans mes compos. C’est un instrument qui donne envie de composer, de tenter, de jouer. Le mien va rester longtemps dans mon studio… et clairement, il m’accompagne sur scène.

Si vous voulez le tester, passez essayer un 88 et un 76 pour sentir la différence de toucher. Prenez une pédale de sustain et une pédale d’expression, branchez un micro pour tester le vocodeur, et amusez-vous avec les chaînages de scènes : vous verrez vite pourquoi ce clavier change la donne !

Écrit par

Will Sifasile

Will Sifasile

Expert Studio, Formateur MAO