Nous vous proposons ce dossier spécial afin de vous ressourcer grâce à la musique classique. Sur un parcours de près de 600 ans d'histoire, elle sera le prétexte pour retrouver un univers multiple, fait de vents, de cordes et de pianos. Egalement au programme, la masterclass du saxophoniste Arnold Pol nous entraînera aux confins des styles, mélangeant classicisme et modernité.
Écrire l’histoire de la musique classique reviendrait en fait à retracer l’histoire de la musique occidentale, qu’elle soit sacrée ou profane, savante ou populaire. Si les historiens s’accordent à dater sa genèse aux contours du Moyen-Âge, elle est déjà dès ses débuts un mélange de musique liturgique grégorienne et de complaintes de troubadours, chères aux cours de la noblesse naissante. Vaste domaine…
Alors plutôt que de réinterpréter une histoire de plusieurs siècles, maintes fois traitée de manière chronologique et scolaire, nous allons plutôt ici nous attacher à décrire et à comprendre les caractéristiques du « son » classique.
À l’opposé de la musique profane et populaire qui se diffusait de manière orale dans les campagnes, les compositions de musique classique ont eu pour particularité de bénéficier d’une transmission écrite et annotée par ses créateurs. Pour cela, l’écriture musicale s’est structurée au fil des siècles devenant un langage universel à part entière, par le biais de la diffusion de partitions, étudiées dans des écoles dédiées. Ainsi aux quatre coins du globe, il est devenu possible de dialoguer grâce à un langage commun.
En France dès les années 1960, l’enseignement musical est géré par le ministère de la Culture qui crée un réseau de structures sur tout le territoire bénéficiant de diverses envergures. Ainsi étaient nés des conservatoires à rayonnement communal (CRC), départemental (CRD) et régional (CRR). L’enseignement est alors régi par un cursus commun basé sur l’apprentissage du solfège, la pratique instrumentale et le jeu en orchestre. On forme ainsi des musiciens amateurs, mais aussi des instrumentistes de haut niveau, en charge de reproduire les œuvres d’un patrimoine musical de plusieurs siècles d’existence, mais laissant peu de place à la création et à l’improvisation.
La particularité du répertoire classique avant le XXe siècle, a contrario d’un courant comme le jazz, est qu’il n’a pas été enregistré par son auteur, et qu’on ne dispose pas de témoignages sous forme sonore dans la manière où le compositeur imaginait son œuvre. C’est alors développé une série de maisons de disques, parmi les plus prestigieuses comme Deutsche Grammophon et Decca, misant sur la sensibilité d’interprétation du répertoire classique sous la direction de grands chefs d’orchestre visionnaires (Claudio Abbado, Herbert von Karajan, Lorin Maazel, Seiji Ozawa…).
La musique classique depuis son origine médiévale s’appuie sur deux modes dits « ecclésiastiques » que l’on nomme mode mineur et mode majeur. Les modes vont définir une tonique de référence en lui appliquant un enchaînement d’intervalles constitué en ton et demi-ton. La multiplicité de l’arrangement classique va entraîner la polyphonie, définissant des normes et des esthétiques notamment par le découpage de la gamme en 12 intervalles entre tons et demi-tons. Ces principes vont créer diverses formes musicales qui caractérisera la musique occidentale par opposition à la musique orientale ou indienne qui elles se basent sur un découpage plus petit des intervalles par quarts de tons et comas.
Chaque époque génère des modes et des sensations. Le répertoire classique sera jalonné de formes et de styles, totalement variés tant dans la construction que dans l’exploitation des instruments. Musique sacrée et requiem, de fugues et de menuets, de chambre et de concerto, de symphonie et d’opéra… Un immense catalogue !
Comme dans tous les domaines artistiques et scientifiques qui évoluent au fil des siècles, l’amélioration des outils apporte une nouvelle façon de s’en emparer. La manufacture instrumentale en est le témoin, passant du clavecin au piano, du luth à la guitare, de la flûte en roseau aux cuivres. N’oublions pas que le saxophone est une invention du XIXe siècle.
Après la seconde guerre mondiale, et à partir des années 50, une nouvelle génération de compositeurs va s’affranchir des codes qu’ils soient en matière d’écriture tonale utilisant l’ensemble des douze sonorités de la gamme chromatique (musique sérielle) que par l’usage des nouvelles techniques électroacoustiques via la diffusion spatiale et les enregistrements magnétiques (musique concrète). Ces courants vont prendre le terme générique, désormais peu approprié, de musique contemporaine.
La musique classique n’a jamais été aujourd’hui aussi active et appréciée. Le rock, le jazz, mais aussi les musiques électroniques et les musiques urbaines, s’en sont approprié les codes, les mélodies et les orchestrations. On pensera au projet Hip-Hop Symphonique mené par Radio France consistant en un réarrangement orchestral de titres de rap, ou encore l’Orchestre Lamoureux reprenant les titres technos de Derrick May, ce dernier aux synthés et aux boîte à rythmes, mais aussi Great Kat reprenant en shred metal des œuvres classiques.
Pionnier de ce mélange incongru de la musique électronique et du saxophone, Arnold Pol a su s’imposer dans ce milieu et positionner son saxophone en pole position.
Producteur, compositeur, arrangeur et finalement explorateur, il l’est également avec son nouvel univers electro-funk. Il parcourt la planète et ambiance les foules avec sa funky-house version update. Découvrez dans ce live exclusif en partenanriat avec Henri Selmer Paris ses secrets pour allier les machines et le saxophone.
Jean-Guihen Queyras
Elgar: Cello Concerto Op. 85 / Tchaikovsky: Variations on a Rococo Theme Op. 33
2013